SUPERVISION EN GROUPE
En référence à son sens étymologique, la supervision nous invite à voir d’en haut et donc à prendre de la hauteur.
C’est un espace de prise de recul dans et par la parole, offert au professionnel afin qu’il puisse réfléchir sur ce qu’il met en jeu et qui l’engage davantage en tant que personne que comme professionnel, dans sa pratique quotidienne auprès d’usagers ou de patients. Ainsi, il nécessite d’être choisi par le professionnel, étant basé sur le volontariat, et en aucun cas imposé ou obligatoire. La supervision collective invite les personnes présentes à analyser les phénomènes transférentiels et contre-transférentiels en jeu dans le cadre de leur activité professionnelle dans un climat de confiance et de bienveillance. Elle permet aux professionnels d’être plus conscients de leurs pratiques, de leurs agirs et posture professionnels, de leurs méthodes et de leurs références théoriques. Elle amène le professionnel également à élargir et ouvrir ses références, ses savoirs-être et savoirs-faire à d’autres points de vue à travers la richesse du collectif.
Il s’agit à la fois d’apprendre sans cesse et en même temps de désapprendre, de quitter ses certitudes, au contact de l’autre en demande d’aide, en détresse, en position de fragilité. Apprendre sur soi-même, de l’autre, avec l’autre. Etre curieux d’un savoir qui produit du déplacement pour le professionnel, qui bouscule et dérange.
Ce n’est donc pas forcément un espace confortable, c’est bel et bien un espace de mise en travail du travail, sous le regard bienveillant du superviseur qui veille au respect de la parole, au non-jugement, à la confidentialité.
SUPERVISION INDIVIDUELLE
Il s’agit d’offrir un espace-temps d’élaboration et de mise en sens clinique des interventions professionnelles, en dehors de l’institution, par un travail inter-subjectif entre un professionnel et un psychologue clinicien expérimenté en supervision professionnelle.
Cet accompagnement privilégié, car individuel, permet davantage que lors d’une supervision professionnelle en groupe, de formuler et repérer les épreuves subjectives inhérentes à l’exercice de la profession et, les points de nouage entre qualités, capacités, difficultés personnelles et exigences professionnelles.
Cet accompagnement individuel, prenant appui sur une relation bienveillante d’un professionnel clinicien, vise à un travail de réflexivité plus poussé, car au plus près de la subjectivité du professionnel.
Par ailleurs, en accord avec ce que Maurice Capul et Michel Lemay ont écrit: „ Si l’écoute de l’autre … est une attitude essentielle de tout intervenant … , le regard porté sur soi-même est une autre exigence fondamentale. Il est avant tout dépendant d’une disposition d’esprit où l’aidant, sachant que son outil principal demeure sa personnalité, ose s’interroger sur ce qu’il est et sur ce qu’il fait dans sa rencontre avec autrui.“ Cette démarche permet d’interroger le sens de nos actes dans nos pratiques au quotidien.
Objectifs :
1. Faire évoluer la qualité de l’engagement professionnel (en complémentarité avec l’ensemble des instances institutionnelles de travail) par un travail de mise en mots et de formulation susceptible de permettre:
– le repérage par un travail réflexif des principales problématiques professionnelles à l’oeuvre dans l’exercice de la professionnalité
– l’interrogation et le soutien tout à la fois de l’implication professionnelle et du positionnement professionnel.
– la mise en mots des éprouvés qui jalonnent l’intervention, l’analyse des agirs que ces interventions ou prises en charge requièrent de la part du professionnel et de l’institution, de même que la mise en mots de ce qui se joue pour un professionnel au sein des équipes ou dans son rapport à l’institution.
2. Soutenir la constitution de savoirs d’expériences, par ce travail inter-subjectif : savoir-être et savoir faire professionnel par des éclairages disciplinaires, cliniques, relationnels et théoriques, à même de :
– faire face personnellement aux tensions ou pressions rencontrées dans le cadre de l’exercice professionnel
– mobiliser la recherche de constructions de pratiques suffisamment ancrées et fidèles aux missions spécifiques à mettre en oeuvre.
3. Nourrir les dynamiques d’interrogation, de recherche de sens et de créativité nécessaires à tout travail.
4. Lutter contre les impacts traumatiques liés à la confrontation répétée aux problématiques rencontrées dans l’exercice professionnel afin de tenter de limiter la souffrance au travail et les risques d’usure professionnelle, et/ou de réinstaurer les conditions nécessaires à l’exercice d’une professionnalité praticable et vivable.
Méthodologie d’intervention
Inscription dans un dispositif d’entretiens individuels dits de « supervision » entre un professionnel et un psychologue clinicien.
Le professionnel et l’intervenant, garant du cadre de travail et de ses règles, s’engagent, dans la régularité et la continuité, à partir des situations et objets professionnels à l’origine de la demande de supervision pour accomplir un travail de formulation permettant de distinguer ce qui relève des sphères de l’intime, du personnel et du professionnel.
Ce travail de formulation suppose l’établissement d’une relation de confiance entre le clinicien et le professionnel, un principe de non jugement et de confidentialité des échanges, permettant au professionnel d’y trouver un lieu ressource pour déposer ce qui peut avoir été difficile et pour être étayé dans sa réflexion professionnelle.
Ceci suppose qu’un processus de travail puisse se construire, processus demandant cette régularité et cette continuité précisée en amont, pour que la confiance s’installe.
ANALYSE DES PRATIQUES
Patricia Wäldele a le souhait de proposer un dispositif de Groupe d’Analyse des Pratiques Professionnelles à la fois complet, souple et inventif.
Nous partageons l’idée que la dynamique présente dans ces espaces est intimement liée à la notion de co-création en groupe, à „la capacité de rêverie“ des professionnels et à leur capacité d’inventer des pratiques et de dénouer des problématiques par la prise de recul possible dans la parole. Pour reprendre en effet Joseph Rouzel, le groupe d’analyse des pratiques est également un espace de « défusion » par la parole, car il permet la prise de recul du professionnel et la mise en mots de ses affects pour ne pas coller à la demande de l’autre ; mais bel et bien, opérer un déplacement, créer un écart, faire un pas de côté. C’est donc une invitation à puiser à la fois dans ses propres ressources, mais aussi à mettre en exergue ses compétences et bien sûr les confronter à la pratique au sein d’une équipe, d’un groupe de professionnels et cela dans le cadre et le respect d’une institution avec ses valeurs et ses missions propres.
Les professionnels et les institutions qui s’engagent dans une démarche d’analyse des pratiques, prennent le risque, et ont aussi l’humilité d’interroger la question du pouvoir, dans la mesure où quand on s’engage dans un métier de la relation d’aide à l’autre, on ne peut pas faire l’économie de questionner son positionnement professionnel au regard de ce qui est en jeu dans la relation, de mon potentiel pouvoir sur l’autre, de ce que j’engage dans la parole, dans ma relation à un autre, qui est en demande, en difficulté et souvent en souffrance. Ainsi, d’emblée, dans ces métiers de la relation d’aide, la relation à l’autre est centrale, de même que la nécessité de se connaître au mieux soi-même pour éviter les projections massives de ce qui fait zone d’ombre en soi sur la personne en demande d’aide.
Nous entendons donc proposer ce dispositif comme une constellation d’espaces:
Espace de parole
pour nommer ses pratiques et dire ses difficultés professionnelles
Espace de prise de recul
pour prendre de la hauteur, de la distance
Espace de pensée
pour analyser des situations, développer une pensée critique, élaborer des réponses
Espace de positionnement
pour interroger son positionnement professionnel
Espace de création
pour créer et inventer sa « boite à outils »
Espace de facilitation
pour faciliter la cohésion d’équipe
Espace de repérage
tant au niveau conceptuel, théorique, éducatif, clinique, comportemental qu’éthique
Espace ressource
pour nourrir ses pratiques et se ressourcer
Espace d’écoute
pour écouter mieux en étant écouté soi-même
Espace de veille et de protection
pour veiller à ce que la pratique ne nuise ni à l’usager, ni au professionnel en apprenant à se protéger et aussi à protéger l’autre
Espace d’ouverture
pour s’ouvrir à l’altérité dans la bienveillance, la liberté de paroles, la confidentialité et le respect de la parole
Espace de transformation
des pratiques et des professionnels
REGULATION D’EQUIPE:
Ce dispositif est proposé pour travailler davantage la relation entre les professionnels, la question de la place de chacun dans le dispositif institutionnel, dans la dynamique d’équipe. Il concerne tout le groupe de professionnels, la présence et la participation de tous est donc nécessaire et obligatoire.
Souvent la demande de régulation d’équipe est faite pour restaurer une dynamique de travail ensemble, suite à des conflits repérés, des mésententes, des difficultés de coopération entre les professionnels ou lorsqu’une dynamique d’équipe,des relations de travail au quotidien, une ambiance de travail présentent des signes de souffrance.
La régulation d’équipe touche donc à la dynamique de groupe, à l’organisation du travail, aux capacités constructives, inventives, productives d’une équipe de professionnels.
Le dispositif de régulation d’équipe se propose d’intervenir en 3 phases, 3 étapes liées et nécessaires:
une phase d’analyse pour faire un état des lieux des dysfonctionnements : il s’agit de prendre contact avec les personnes du groupe de l’institution et d’analyser sa demande en lui expliquant la démarche, ses étapes, ses outils et les règles éthiques (non-jugement, respect de la parole, confidentialité des dires,etc.).
Ensuite, si l’ensemble du groupe est d’accord, les personnes seront écoutées en entretien individuel ou collectivement. C’est la phase 2 du dispositif.
L’analyse de ces entretiens préalables servira ensuite de support pour une restitution faite à l’équipe, qui pourra formuler une demande d’accompagnement au changement lié à l’analyse des dysfonctionnements proposée par le psychologue et validée par le groupe. C’est la phase 3 dite d’expérimentation et d’accompagnement des nouveaux modes de fonctionnement de l’équipe. Après un débat collectif sur les dysfonctionnements, leurs caractéristiques et leurs causes s’ouvre un temps de travail sur les changements nécessaires. Le psychologue accompagnera ce temps de travail avec l’équipe de manière régulière.
FORMATIONS
A la demande, à la carte auprès de professionnels de l’éducation, d’enseignants, de soignants ….